Le sujet est volontairement vague. Contester, c’est remettre en cause un ordre établi, ce qui relève de multiples facettes : sociale et politique, mais aussi remise en cause des convictions religieuses et des présupposés scientifiques. C'est enfin se révolter, chanter, écrire des poèmes, se rencontrer ou tout simplement ne pas respecter les frontières géographiques, sociales ou culturelles imposées par une monarchie qui se veut absolue et cherche à ce titre à conserver un état de fait.
Le siècle des Lumières correspond à une période charnière, où les découvertes des uns et les intérêts des autres contribuent à un profond changement social que Habermas a qualifié de "naissance de l’opinion publique", et qui correspond surtout à la prise de conscience de groupes sociaux d’identités de groupes, et de revendications et de contestations parfois contradictoires. Car la contestation est tout autant paysanne qu’aristocratique ; scientifique que janséniste et catholique ; sociale qu’économique. En d’autres termes : le siècle des Lumières est-il d’un point de vue de la contestation le berceau d’une modernité menant à la Révolution française ?
La réponse est nuancée :
I. Contester au siècle des Lumières : une remise en cause profonde de l’ordre établi
On étudie d’une manière large que le XVIIIe siècle correspond à une période de remises en cause. Pour éviter de dresser une liste thématique (qui serait nécessairement lacunaire et rébarbative), il s’agit de montrer que ces remises en cause s’appuient sur des postulats différents : le progrès (scientisme, philanthropie, Lumières, etc.) ; la contestation au nom des traditions (jansénisme, révoltes de la noblesse et des parlements).
II. Les contestateurs de l’ordre social : des acteurs imbriqués dans la société
Il s’agit de montrer que les acteurs de la contestation ne se voient pas en dehors de la société d’Ancien Régime, mais en font intégralement partie : contestations aristocratiques, populaires mais aussi légitimation du pouvoir par la contestation.
III. La naissance d’espaces publics : moyens et diffusion des contestations
Il s’agit de s’intéresser à ce qui véritablement constitue une révolution : les modes de diffusion de l’information, la création de cercles de sociabilité, et la création d’opinions publiques.
Or, si c’est d’abord l’historien qui retrace cet espace a posteriori pour reconstituer des sociabilités, la lente création d’un espace public national, incluant des acteurs différents, pose les conditions de ce qui deviendra la Révolution nationale. Cela conduit à s'intéresser aux espaces de contestation à l'échelle locale, mais aussi aux salon, publications, encyclopédie, vecteurs d’un espace public national, et enfin à changer d'échelle pour tenter d'évaluer si l'on peut parler d'une révolution atlantique, avec la création d’un espace public transnational.
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